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L’environnement,
un sujet de préoccupation au Maroc !


Retour sur la mission de formation et accompagnement des animateurs de la Maison de la Cédraie (Maroc) menée par Célia Charbaut et Jacques Roskam, formateurs pour l’Institut d’Eco-Pédagogie.

En 2017, l’Institut d’Eco-Pédagogie a mené une mission de formation pédagogique au Maroc dans le cadre d’un accord de coopération entre le Gouvernement du Royaume du Maroc et les Gouvernements de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Région wallonne - programme 2015-2017, pour le Parc National d’Ifrane, situé dans le Moyen Atlas.

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La région du Moyen Atlas au Maroc
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La région du Moyen Atlas au Maroc















Cette mission visait à équiper des animateurs et forestiers d’outils pédagogiques pour améliorer leurs compétences dans le domaine de la sensibilisation à l’environnement et de valoriser « La Maison de la Cédraie », un écomusée de la forêt conçu également dans le cadre de la coopération avec la Belgique.

Pour bon nombre d’entre nous, quand on dit « Maroc », nous voyons le pays aride, le désert, des oasis, des plages aux palmiers, des dromadaires... Ce n’est pas faux, mais ce n’est qu’une facette du Maroc et il y en a bien d’autres. Le contexte environnemental de la région boisée du Moyen Atlas où nous étions est en effet tout à fait particulier.

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Paysage au Moyen Atlas


En effet, la région oscille entre 1300m et 2400 m d’altitude et les températures au cours de l’année sont proches de celles de notre pays de Herve si on y ajoute 2°C, mais avec un maximum de précipitations en hiver (1150 mm).


En hiver, ici, il y a de la neige et une station de ski dans la région !



Le cèdre de l’Atlas (Cedrus atlantica), espèce endémique, peuple de grandes forêts montagnardes entre 1500 et 2500 mètres d’altitude. Ces cédraies sont très importantes dans le Moyen Atlas, qui est un véritable château d’eau pour le Maroc. Mais ces forêts ancestrales d’une très grande richesse écologique n’arrêtent pas de se réduire et maintenant d’être en réel danger.

Les raisons sont multiples : en priorité, les changements climatiques, avec notamment moins de précipitations. Mais il y a aussi des changements sociétaux : surpâturages par les moutons, braconnage, exploitation sauvage de bois. Ces changements sociétaux sont liés à des commerciaux sans scrupules, mais aussi à une population précaire qui n’a pas d’autre choix pour cuisiner ou se chauffer en hiver.

Cette région est un enjeu vital pour le Maroc. Son espace forestier, véritable réservoir d’eau, représente aussi une ressource biologique de première importance, capitale pour le développement du milieu rural qui concentre près de la moitié de la population marocaine.

Cette situation parmi d’autres (désertification, perte de biodiversité, pollution…), a conduit le Maroc à mettre en place une politique de protection de l’environnement et un large programme éducatif de sensibilisation.

La création du Parc National d’Ifrane, où nous avons réalisé notre mission, est une des réponses apportées par le Royaume du Maroc pour préserver la forêt de cèdre. Créé en 2004, le parc s’étend sur la portion occidentale du Moyen Atlas central, sur une superficie de 51.800 ha.

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Parc national d’Ifrane (Milian, 2017)

La cédraie du Maroc fait désormais partie du réseau mondial des réserves de biosphère de l’Unesco.

La gestion durable de l’environnement
est un enjeu vital pour le Maroc

« Le Maroc s’est engagé progressivement depuis les années 90 dans la construction de stratégies nationales visant à répondre à la fois aux enjeux nationaux en matière de protection de l’environnement et de la biodiversité (avec le Plan Directeur des Aires Protégées - PDAP, le Plan d’Action pour l’Environnement – PNAE et le Plan d’action pour la Lutte contre la désertification) et aux enjeux internationaux en la matière, plus particulièrement à travers les conventions internationales comme la convention de Bonn, de Ramsar, la Convention sur la Diversité Biologique (1995), sur la Lutte contre la Désertification (1996) et enfin la Convention sur les Changements Climatiques (1995 puis Protocole de Kyoto, 2002). À travers la conservation d’un patrimoine forestier et biologique aussi important que celui des cédraies d’Ifrane, la mise en œuvre du parc national d’Ifrane représente ainsi une des mesures les plus appropriées venant en application de ce cadre stratégique national et international » (Parc National d’Ifrane - Plan d’Aménagement et de Gestion, 2007, p. 3).

Mentionnons également les trois conventions de Rio sur la diversité biologique, les changements climatiques et la lutte contre la désertification, puis la plupart des accords multilatéraux qui ont suivi. Ainsi, le Maroc s’est engagé dans la voie du développement durable. Il a réaffirmé sa détermination en 2002, à l’occasion du Sommet mondial de Johannesburg, soulignant à cette occasion l’importance de l’éducation et de la sensibilisation à l’environnement. En 2016, il a organisé à Marrakech la COP22 (Conférence internationale sur les changements climatiques) et a ratifié l’accord de Paris.

Aujourd’hui, le Maroc compte une dizaine de parcs nationaux qui totalisent 2,5 millions d’hectares, ce qui représente 25.000 Km2 (toute la Belgique, c’est environ 30.000 Km2).

Sur le plan de l’éducation à l’environnement, le Maroc s’était déjà doté de quatre réformes l’intégrant à ses programmes éducatifs : en 1979, 1985, 1994 et 2000. En 2007, il s’est équipé d’une Stratégie Nationale d’éducation et de sensibilisation à l’environnement et au développement durable. En 2013, il a accueilli à Marrakech le 7ème Congrès mondial de l’Éducation relative à l’environnement.

Notre mission

L’équipe d’animateurs-forestiers que nous avons rencontrée travaille pour le Parc National d’Ifrane. Ils ont comme mission de sensibiliser la population locale, berbère, aux problématiques de la cédraie et aux comportements nécessaires à la protection de leur environnement.

Le public d’adultes est tantôt composé de visiteurs, tantôt d’habitants de la région, voire de la montagne. Ces derniers peuvent être illettrés et n’ont parfois d’autre moyen de survie que de mener des pratiques illégales faces aux directives du Parc (se chauffer, manger).

Mais il y a aussi un public local de loisir qui n’est que très peu sensibilisé à la protection de l’environnement. Par exemple aux déchets, aux dangers du feu. Ils peuvent s’installer au bord de la forêt parmi des amoncellements de déchets (que nous ne connaissons plus chez nous), et y faire du feu pour leur pique-nique. On comprend la complexité de la situation, ce que confirment les recherches menées sur ce sujet (voir notamment Milian, 2007).

Ces forestiers-animateurs, souvent équipés de diplômes universitaires et hyper motivés, nous ont démontré leur parfaite connaissance de leurs sujets et une avide recherche de perfectionnement de leurs pratiques pédagogiques en matière d’éducation à l’environnement.

Nous avons découvert qu’ils possédaient déjà pas mal de techniques pédagogiques que nous retrouvons chez nous, que ce soient des pratiques ludiques, sensibles et sensorielles. Ils avaient suivi d’autres formations pédagogiques qui les avaient alimentés dans ces voies. Mais leur tâche est vraiment ardue : chapeaux bas pour ces hommes et ces femmes !

Lors de notre première intervention au Maroc, ils ont pu nous faire part de leurs attentes et leurs besoins. Ceux-ci ont été enrichis par l’émergence de nouveaux besoins lors de nos ateliers pédagogiques.

Leurs premières demandes étaient de s’équiper d’outils d’animations dynamiques et reproductibles pour animer les différents groupes à sensibiliser dans l’écomusée. Mais très vite ils ont pu identifier que leurs approches restaient assez frontales et qu’ils voulaient progresser dans une pédagogie plus participative. Au fil des trois modules de formation, étalés de mars à septembre 2017, nous avons pu observer leur engouement pour ces méthodologies que plusieurs d’entre eux ont testées avec fruit. Ce qui nous réjouissait particulièrement en tant que formateurs, c’était leurs capacités collaboratives d’intégrer de façon critique (en adaptant à leur public et à leur culture) de nouveaux dispositifs et postures d’animateurs pour leurs animations.

La mission s’est clôturée par une très bonne évaluation de la formation et une demande de poursuivre ce travail avec nous.

Sur le plan humain, c’était du pur bonheur de travailler avec eux : complicité, plaisir, chaleur humaine, reconnaissance, respect, le tout dans une très belle rigueur de travail.

En guise de conclusion, on comprend que les enjeux environnementaux au Maroc sont vitaux pour sa société et son devenir. Le Maroc met en place depuis plus de 30 ans des stratégies de protection de l’environnement en s’intégrant dans les accords internationaux. Il œuvre à l’éducation, en réformant les programmes scolaires notamment dans le domaine de l’éducation à l’environnement, et en développant des stratégies de sensibilisation de la population.

Dans le cadre de notre mission pour le Parc d’Ifrane nous avons pu constater la poursuite d’un travail en profondeur de sensibilisation des différents publics visés, enfants et adultes, aux problématiques de la cédraie et globalement de l’environnement dans son sens le plus large.

Pour l’Institut d’Eco-Pédagogie,
Jacques Roskam

Références bibliographiques

  • Blérot Philippe, Benzyane Mohamed (sous la coordination de), « Le cèdre de l’Atlas - Mémoire du temps », 2006, Edition « La croisée des chemins », Mardaga.
  • Milian J., « Le dilemme entre développement et protection dans les montagnes du Maroc – le cas des parcs du Moyen Atlas », 2007, in Les parcs nationaux entre conservation durable et développement local, Géocarfour, vol. 82/4, pp. 177-186. (consultable sur https://geocarrefour.revues.org/300...)
  • « Parc National d’Ifrane - Plan d’Aménagement et de Gestion – stratégie de conservation et principes de zonage », Direction Régionale des Eaux et Forêts du Moyen Atlas - Service Provincial des Eaux et Forêts d’Ifrane, mai 2007, p. 66 (publié sur le site du Centre d’Echange d’Information sur la Biodiversité du Maroc, http://ma.chm-cbd.net/manag_cons/es...)
  • Stratégie Nationale d’éducation et de sensibilisation à l’environnement et au développement durable, Voir : http://www.biodiv.be/maroc/manag_co....
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Environnement au Maroc - Article IEP







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