ANCHORA


Ancrage d’une plate-forme collaborative d’acteurs de l’éducation vers un développement durable

Projet de recherche-action réalisé en exécution du Programme pluriannuel de soutien au développement de la société de l’information 2001-2008 du service Public fédéral de Programmation Politique Scientifique

Un partenariat de l’Université de Liège avec l’Institut d’Eco-Pédagogie asbl et Cassiopea asbl

L’éducation est vue comme l’un des principaux leviers pour la concrétisation du développement durable au niveau de “l’agir local” et du “changer personnellement”. Miser sur un tel levier exige une approche éducative qui soit décloisonnée, qui valorise les échanges, qui se base sur la co-construction des savoirs et des compétences. Or, à l’heure actuelle, si l’offre éducative est très riche dans le paysage associatif belge, elle reste encore très cloisonnée tant au niveau des modèles théoriques de pensée, des approches éducatives que de ses acteurs. Développer une éducation vers un développement durable doit donc se construire à la convergence de multiples secteurs éducatifs : éducation à l’environnement, au développement, à la santé, à la citoyenneté, aux sciences, à la consommation, etc.





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Conclusions de la recherche-action

Les technologies de l’information et de la communication peuvent-elles favoriser les pratiques collaboratives entre acteurs associatifs du développement durable ? Le développement durable appelle à la participation d’acteurs aux savoirs et savoir-faire différents, tandis que les TICs appellent justement au partage d’informations et de savoirs. Toutefois, si les TICs portent en elles un potentiel contributif, portent-ils, par nature, une valeur collaborative ? C’est autour de cette question que s’est développé le projet Anchora, interrogeant les usages collaboratifs d’Internet et les pratiques collaboratives d’acteurs associatifs du développement durable.

L’évolution des techniques n’est pas neutre. Les outils ne créent pas la fonction mais sont toutefois inducteurs d’usages et, au-delà, inducteurs de pratiques et de transformation culturelle. L’imprimerie de Gutenberg a bouleversé son époque. Aujourd’hui, les techniques et pratiques qui émergent d’Internet, et plus largement de ce que nous appelons ici les technologies de la télécommunication et de l’interconnexion, en font tout autant. Même dans la rue, l’humain d’aujourd’hui est relié, branché, interconnecté ; il communique ; il interagit ; il est ici et là en même temps. Connectés, nos lieux de travail le sont également, de plus en plus. Tout comme les communautés professionnelles, affectives, locales, militantes dans lesquelles nous nous investissons. Cela ne va pas sans bouleverser nos manières de vivre, d’être au monde et en relation. Ni sans révolutionner le fonctionnement de nos sociétés tant sur le plan économique, que social ou politique.

Anchora : une intuition de base, un pari improbable

Le projet Anchora était fondé sur le pari qu’entre Internet et le développement durable, il y a des manières de faire à réinventer. Dans le cadre d’Anchora, nous avons rencontré la demande d’organisations, principalement associatives [2], qui souhaitaient développer des projets collaboratifs à l’aide d’internet. Cette demande est très certainement suscitée par une pression de conformité : « c’est moderne », « tout le monde s’y met ». Mais également par une pression de nécessité. En effet, changement climatique, développement durable, lutte contre la pauvreté, éducation pour tous, les défis auxquels sont confrontées ces organisations, tout comme nos sociétés, sont de plus en plus globaux et complexes. Y faire face implique d’élargir ses réseaux d’échange et d’action, tant au niveau thématique que géographique.

Les organisations avec lesquelles nous avons travaillé ont formulé des attentes essentiellement techniques : « quels outils ? », « que mettre en place pour...? », « avec quelle interactivité ? », « quelles solutions faciles pour démarrer un site avec peu de connaissances techniques ? ». Or, nous pouvons témoigner que les attentes techniques cachaient des besoins bien plus fondamentaux et qu’y répondre n’était pas source de satisfaction. Au contraire ! La couche technique se révèle bien souvent être un amplificateur de dysfonctionnements.

Ces dysfonctionnements proviennent essentiellement de l’inadéquation du modèle organisationnel de ces organisations avec le modèle sous-jacent aux technologies de télécommunication et d’interconnexion. C’est l’apparition de l’écriture et, plus encore, le développement des possibilités de diffusion de l’écrit (ce que nous nommons ici les technologies de reproduction graphique) qui ont permis à la société de s’organiser en institutions très structurées : l’Eglise, l’Etat, l’administration, la famille, l’école, ... Les organisations avec lesquelles nous avons travaillé dans le cadre d’Anchora relèvent du même modèle organisationnel, à la fois sectoriel et pyramidal. Leur objet social est le plus souvent défini autour d’une thématique d’action (l’environnement, le développement, la nature, la santé, etc.). Et c’est en produisant et en diffusant des savoirs, connaissances et messages liés à cette thématique qu’elles organisent et préservent leur spécificité. Quand elles s’associent en partenariat avec d’autres organisations, c’est le plus souvent pour mener des luttes sectorielles, « des luttes contre... » ou des « luttes pour... », dans une logique de coopération territorialisée.

Distribution et fragmentation

Un premier exemple d’inadéquation que nous avons observé est lié à la redistribution des rôles et des compétences qu’entraine l’usage des technologies de télécommunication et d’interconnexion. Au sein des organisations avec lesquelles nous avons travaillé, comme dans les partenariats qu’elles nouent, on observe une distribution précise des rôles et des compétences entre individus. Chacun d’eux occupe un poste décrit dans un « job description », doit remplir des tâches précises ou dispose de « Terms of References ». L’illusion qu’induisent les technologies de télécommunication ou d’interconnexion est que chacun peut faire tous les métiers : rédiger, illustrer, mettre en page, encoder, diffuser, ... Les tâches deviennent fragmentées : la tendance est à attendre que chacun mette en ligne et à jour ses données, ses informations, la date de ses évènements. Toutefois, l’intelligence reste distributive : le pilotage reste au main de quelques-uns qui fragmentent la mission d’encodage et qui, in fine, bénéficient de la valeur ajoutée du travail ainsi fragmenté. La dynamique bottom-up est illusoire. Outre la fragmentation des tâches, nous avons également observé que les technologies de télécommunication ou d’interconnexion, renforçaient la fragmentation des individus entre différents temps, différents espaces, différents rôles.

De l’individu au dividu, vers l’immanence

Un deuxième exemple d’inadéquation est lié à l’évolution de l’engagement social des individus en lien avec l’évolution des technologies. Avant l’apparition de l’écriture, le traitement de l’information se faisait de manière externe, par le sujet interagissant avec le monde extérieur. Grâce à l’écrit, la communication peut être différée. Cette asynchronisation laisse du temps pour l’analyse et autorise donc une reconstruction cognitive. Le traitement de l’information devient intérieur et permet le développement de l’esprit critique et de la pensée rationnelle. Le sens provient d’une intériorité ; on peut dire que la communication écrite amplifie l’individualisation.

Le vecteur d’innovation le plus marquant des technologies de télécommunication et surtout des technologies d’interconnexion est sans doute leur caractère hypertextuel. Celui-ci rompt avec nos habitudes de linéarité tant dans le temps que dans l’espace. Nous pouvons être présents ici et maintenant et en même temps là-bas et même dans « une deuxième vie » au sein d’un espace totalement immatériel et immanent. C’est la griserie de l’ubiquité. Le corps, attribut singulier de l’individu, est exclu ; seul le cerveau est sollicité, dans une multitude de configurations particulières. Nous parlons de « dividualisation ». Dans leur forme idéalisée, les interactions qui se tissent entre les « dividus » autorisent le développement du leadership mais annihile celui du pouvoir et rendent donc possible l’utopie (au sens littéral du terme ou-topos, sans lieu, ou eu-topos, le lieu du bonheur ) d’une participation citoyenne décentralisée. Toutefois, la « dividualisation » croissante déplace le centre de gravité du lien social en deçà de l’individu. Les solidarités relèvent davantage aujourd’hui d’une démarche volontaire, qui mobilise les individus non plus dans l’intégrité de leur personne mais dans l’un ou l’autre de leurs rôles [3] et autour d’objectifs de plus en plus éphémères. Nous sommes donc loin des mouvements collectifs, grégaires, du 20ème siècle (manifestations, pétitions, grèves) qui font encore modèle pour bon nombre d’organisations associatives d’aujourd’hui.

Dissolution dans l’infini et concentration dans la nécessité

Un troisième exemple d’inadéquation observée est lié à la communication elle-même. De petite taille, les organisations concernées fonctionnent sur base d’une interaction forte, coalescente, entre acteurs. Chacun a conscience du tout ; chacun suit les projets de « a à z » ; chacun perçoit l’ensemble des enjeux. Quand ils s’aventurent dans l’espace fluide que forment les technologies de télécommunication et d’interconnexion, les acteurs se sentent, bien sûr, reliés, mais par des liens de plus en plus faibles. Impossible dès lors d’avoir conscience encore du tout ; les acteurs évoquent plutôt le sentiment d’être en dissolution. Cet espace réticulaire, espace sans lieu ni histoire formé uniquement de liens, accroit en effet de manière infinie notre interface avec le monde, avec l’information. Non plus donnée par l’environnement, mais par tout un chacun, l’information devient à la fois surabondante et totalement diluée. Elle se doit donc d’être redondante. L’information devient bruit. L’image est celle du bazar, en opposition à celle de la cathédrale des institutions structurées.

A la recherche du sens, cartographier l’inconnu

Ces quelques exemples d’inadéquation montrent combien les technologies de télécommunication et d’interconnexion sont, pour les organisations concernées, terra incognita. Non pas tant, comme nous le soulignions plus haut, par manque, en leur sein, de compétences techniques. Mais plutôt par manque de compétences sociales. Les organisations n’ont en effet pas développé les compétences d’intelligence collective globale, plastiques et créatives, qui permettent d’y évoluer. Aussi ont-elles tendance à transposer dans cet espace leurs repères et pratiques de la coopération territorialisée qu’elles maîtrisent avec efficacité. La tendance que nous avons observée est donc à développer son site internet, sa plateforme d’échange, comme un territoire, une extension de sa propriété institutionnelle[4]. Bien sûr, ces sites et plateformes sont conçus ouverts, avec invitation à y contribuer, à y collaborer. Et très vite, il faut déchanter... Les contributions sont rares ou partent en tous sens. Davantage orientés « résultats » que « processus », les responsables de ces organisations évaluent très négativement de tels projets collaboratifs. Et la terra incognita devient terra non grata.

L’irremplaçable humanité

Face à cette analyse sociale, nous avons cherché à apporter une réponse sociale par la définition d’une fonction d’animateur(rice) de réseau. Qu’est-ce qui fait que certaines plateformes collaboratives vivent et bourdonnent alors que beaucoup d’autres sont mortes-nées ? Qu’est-ce qui fait que des gens participent, collaborent dans certains réseaux et pas dans d’autres ? Nous pouvons témoigner que cela ne tient ni aux outils, ni aux modalités de participation, quelle que soit leur facilité d’accès. Cela tient bien davantage aux pratiques d’animation qui sont déployées : modération, émulation, relance, synthèse, coordination, articulation des outils, aide technique, circulation des signes de la présence, reformulations, encouragements, ... Souvent exercée dans l’ombre, cette fonction est rarement planifiée dans les projets. Elle représente pourtant une clef sociale de l’usage des nouvelles technologies. Non légitimées, les personnes qui l’exercent tant bien que mal sont souvent perçues comme outrepassant leurs rôles et compétences habituels, voire même suspectées de prise de pouvoir.

L’indépassable humanitude

La réponse sociale n’est toutefois pas suffisante. En effet, définie au niveau social, la fonction d’animateur(rice) ne peut pas gérer l’effet à la fois anxiolytique et anxiogène des nouvelles technologies. Il s’agit là d’un effet d’ordre psychologique encouru par les personnes qui travaillent pour ou au sein des organisations concernées. L’évaluation des projets et des organisations est orientée "résultats". Ce sont donc des résultats tangibles et concrets qui sont attendus du travail des personnes. Elles se placent donc dans un état de co-opération. Un état qui valorise les postures et dispositifs de la création c’est-à-dire de l’action qui fait face à une réalité : organiser un événement, développer une campagne, concevoir un outil, ... Attendues dans l’agir, ces personnes misent sur les technologies de télécommunication et d’interconnexion. Elles croient et espèrent pouvoir s’y nourrir à satiété d’échanges, d’informations, de reliance. L’immensité réticulaire de l’espace des technologies de télécommunication et d’interconnexion, composée de potentiels en attente, d’idées, de projets, de visions, leur paraît bien rassurante. D’une plasticité inouïe, cet espace appelle toutefois un autre état, celui de co-élaboration. Il s’agit d’un état de plasticité cognitive qui valorise les postures et les dispositifs, non pas de la création mais de la créativité. C’est un état jubilatoire de l’esprit qui caresse et explore le monde, un état où « 1 + 1 peut être égal à 3, voire plus encore ». Toutefois, nous avons pu observer que, attendues dans l’action, les personnes éprouvent vite un sentiment, très anxiogène, de dissolution dans cet espace fluide. Cherchant à nourrir l’action face à une réalité, elles se doivent d’intégrer et synthétiser toutes ces idées, projets, visions pour produire des résultats tangibles, concrets. Or, en recherche active d’une ressource rare qu’est le sens, elles ne se heurtent qu’à une abondance informationnelle.

Au défi de la rupture, répondre en personne

Faut-il conclure à l’incompatibilité de l’état de co-élaboration imposé par les nouvelles technologies avec les contraintes structurelles et conjoncturelles dans lesquelles sont placées ces organisations de la société civile ? Faut-il nier l’état de co-élaboration pour se concentrer sur l’efficacité co-opérative de « l’ici et maintenant » ? A l’inverse, faut-il se dégager du territoire rugueux, des contraintes, des compétitions et se convertir à la générosité absolue du « partout, tous ensemble » ?

Nous ne le pensons pas. Les deux états de co-opération et de co-élaboration correspondent à deux manières différentes d’être au monde. Ces deux états ne sont pas exclusifs. Au contraire, ils co-existent. Et cette dualité crée une tension d’ordre à la fois psychologique et sociale. La réponse se doit donc d’être psychosociale. Au terme du projet Anchora, nous pouvons témoigner de l’impérieuse nécessité d’aider les personnes et les organisations à baliser l’impact des technologies de communication au sens large sur « leurs manières d’être » afin de reconnaître et identifier cette tension. C’est une première étape.

La complexité libérée : la transplexité

L’enjeu est ensuite d’apprendre à gérer cette dualité. Il s’agit d’un enjeu majeur pour les années à venir. Nous présupposons en effet que le pari du collaboratif réside au sein même de la dualité dynamique de ces deux états. Il s’agit d’apprendre à adopter une posture qui soit à la fois co-opérative et co-élaborative. Au moment de participer à un forum, à une plateforme ou à un blog, il convient par exemple d’évaluer sa contribution : va-t-elle participer au bruit ou à la synthèse ? Et lors de la conception d’un site ou d’une plateforme collaborative, au lieu de miser sur l’espoir d’en faire « une maison de tous », il convient plutôt de veiller à placer « sa maison » dans un territoire collectif et d’y adopter les codes culturels de reliance à ce territoire. Pour ce faire, il convient aussi de voyager, de visiter les plateformes des autres, de ne pas craindre de s’y perdre. En tant que propriétaire, cela revient en retour à accepter d’offrir une place à ces voyageurs passifs, invisibles. Et, donc, de ne pas évaluer un projet collaboratif uniquement à l’aune des contributions actives et effectives. Citons encore un dernier exemple, économique. L’état de co-élaboration s’appuie sur l’abondance de biens communs informationnels et sur leurs processus sociaux. Il est donc à lier à une économie du temps humain plutôt qu’à une économie capitaliste qui, fondée sur le principe de rareté, induit des logiques compétitives antinomiques de la créativité. Une organisation peut concevoir et développer des produits dans une logique propriétaire : « voici notre nouveau produit ; inscrivez-vous ici pour le découvrir ; achetez-le ainsi que les services associés et toutes les nouvelles versions ». Une organisation peut a contrario développer sa créativité et en partager les produits dans une logique contributive (libre, ouverte, bien commun, ...) et les rémunérer, dans une logique de compétitivité marchande, en vendant plutôt les services associés à l’usage de ces produits.

Ces quelques exemples donnent à voir ce que nous entendons par l’adoption d’une posture à la fois co-opérative et co-élaborative. Cette posture duale, nous la qualifions de « transplexe » c’est-à-dire qu’elle traverse et relie à la fois des éléments de créativité et de création qui entretiennent des rapports multiples et diversifiés. Le collaboratif, tel que nous l’entendons[5], est donc de l’ordre de la transplexité. Il se développe au nœud d’un plexus communicationnel, formé par la co-existence des deux états de co-élaboration et de co-opération, et le transcende.

L’apprivoisement de la transplexité est donc au cœur de la transformation personnelle et collective qu’appelle la transformation de nos sociétés. Pour aider tant les personnes que leurs collectivités à adopter cette posture transplexe, nous préconisons la définition d’une nouvelle fonction [6], celle de « co-mutateur social ». Cette fonction doit être développée et reconnue, au-delà de celle de technicien en charge de la réponse technique, au-delà de celle d’animateur de réseau en charge de la réponse sociale. Il ne s’agit pas tant de former quelques personnes dans une « fonction expert » ; cela reviendrait à créer une ressource rare antinomique de la transplexité. Il s’agit plutôt de partager, de plus en plus largement, les compétences d’une méta-intelligence qui éclaire les processus, tant individuels que collectifs, qui aide au design de dispositifs transplexes et qui accompagne les individus et les organisations dans l’adoption d’une posture transplexe.

Au terme du projet Anchora, nous voulons proposer quelques pistes pour poursuivre cette réflexion. Au niveau technologique, il nous semble pertinent d’inciter le développement d’outils qui prennent en compte la transplexité et qui facilitent l’adoption d’une posture transplexe. Il convient également de développer plus avant les savoirs et savoir-faire de l’accompagnement psychosocial de la transplexité. Nous pensons en outre que l’éclairage des neurosciences peut offrir une clef intéressante pour aider les personnes à accéder à l’expression de leur cerveau intelligent, capable de gérer la nature duale de la transplexité. Aux niveaux économique et juridique, enfin, il convient de définir les paramètres qui permettent le développement d’une économie duale : économie du don (liberté d’usage, non propriétaire, non conditionnelle, etc.) et économie marchande (propriétaire, contractuelle, quantifiée, etc.). Et, last but not least, il nous semble primordial de diffuser les savoirs liés à la transplexité, non pas tant de manière conceptuelle, mais avec des outils qui permettent de contacter les personnes dans leur intégrité à la fois intellectuelle, physique et émotionnelle.

Reliances [7] :

- Jean-François Noubel et la plateforme www.thetransitioner.org
- Jean-Michel Cornu et le Groupe de travail « Intelligence collective » de la FING www.fing.org
- Philippe Aigrain et la société Sopinspace www.sopinspace.com
- Edgar Morin et l’Association pour la Pensée Complexe www.mcxapc.org
- Etienne Wenger, chercheur suisse qui a révolutionné la gestion de la connaissance


Au terme de la recherche-action, nous présentons ici, en illustration, trois niveaux de réponses concrètes proposées :

Casiwi : une réponse technique Durant la première phase d’Anchora, nous avons essentiellement contribué au développement de logiciels libres existants. En seconde phase, nous avons choisi de développer en partie nos propres outils pour offrir une réponse technique personnalisée aux utilisateurs avec lesquels nous avons travaillé. Ces développements ont intéressé d’autres développeurs de logiciels libres et ont bénéficié de quelques contributions externes d’importance. Casiwi, logiciel qui allie la souplesse horizontale des wiki avec les facilités structurantes des CMS de publication, a été publié sous une license libre GNU/GPL ; son développement sera ainsi poursuivi au-delà du terme de la recherche.

Atelier-Formation évaluation réseaux : une réponse sociale Anchora et l’IEP ont collaboré pour la mise sur pied (organisation et animation) d’un atelier-formation intitulé "Conditions de réussite de vos pratiques collaboratives et de vos fonctionnements en réseaux". Dans une logique socio-constructiviste, les dispositifs méthodologiques utilisés ont pour objectif de mettre les participants au centre, leur permettant d’être pleinement acteurs au sein de la démarche d’atelier-formation. Enrichis de la présence de personnes-ressources intervenant à des moments ponctuels, les échanges et constructions permettent la co-élaboration de grilles répondant à des intelligences différentes.

Co-Intelligence Europa : une réponse transplexe A l’issue du projet Anchora, nous assistons le développement d’une nouvelle organisation qui se donne pour objet social d’accompagner l’apprivoisement de la transplexité. Cette organisation entend se développer de manière duale : avec une forme associative, dans une logique d’économie du don, pour la co-élaboration des savoirs liés à la transplexité et leur diffusion et avec une forme commerciale, dans une logique d’économie marchande, pour la co-opération avec les individus et/ou les organisations qui souhaitent être accompagnés dans leur appropriation d’une posture transplexe.


[1] Henri, F. et Lundgren-Cayrol, K., 2001, Apprentissage collaboratif à distance, Presses Universitaires du Québec, 184 pages
[2] Le projet Anchora a permis de mobiliser, directement ou indirectement, plus de 100 organisations au travers d’une vingtaine de projets qui ont développé un volet collaboratif avec Internet
[3] On arrive ainsi au développement d’une militance professionnelle
[4] Durant la première phase du projet Anchora, nous avons, conformément à cette tendance générale, cherché à développer "une" plateforme commune de travail collaboratif, EducA21. Cette formule "maison de tous" invitait les acteurs associatifs à quitter leur territoire spécifique pour venir contribuer à un espace commun. Malgré le fait que cette plateforme ait été construite avec eux, ils n’ont pas pu s’approprier cette notion d’espace commun : soit ils l’abordaient avec des repères territoriaux, soit ils attendaient de notre part un comportement de "propriétaire"
[5] Au terme du projet, nous sommes tentés d’abandonner le mot "collaboratif". Il est en effet porteur de représentations qui le déservent : son vécu historique tout d’abord lié à la guerre mais également sa connotation "labeur" qui effraye souvent les personnes.
[6] Nous avons parcouru les offres de formations aux TICs. La plupart s’articulent au seul niveau des outils (réponse technique), quelques unes développent les compétences d’animation de réseau (réponse sociale) mais aucune ne prend en compte la transplexité (réponse psychosociale).
[7] En accord avec la notion de transplexité, nous rendons compte ici des personnes et des courants avec lesquels nous avons été en reliance plutôt que de références au sens bibliographique du terme







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