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Développer une intelligence commune du territoire

Cet article est publié dans le volume 10 de la revue Education relative à l’environnement – Regards, recherches, réflexions, qui permet d’aborder les différentes façons d’appréhender la notion d’habiter — « résider », « demeurer », « être-au-monde » — et de pointer l’importance des actions éducatives relevant du champ de l’éducation à l’environnement qui visent à se réapproprier les lieux et à sensibiliser à la portée environnementale de nos pratiques. Il témoigne aussi largement des réflexions issues du colloque « Habiter : l’encrage territorial comme support d’éducation à l’environnement », qui s’est déroulé à La Rochelle (France) les 24 et 25 juin 2010, durant lequel l’IEP a présenté une communication relative à cet article.

Résumé

L’éducation relative à l’environnement est interpellée par la nouvelle gouvernance territoriale qui exige la participation de tous les acteurs. La complexité des habiletés sociales et cognitives requises pour qu’un projet de territoire soit véritablement fondé sur une vision commune de tous les acteurs exige que ces derniers y soient préparés, qu’ils aient développé une « intelligence commune du territoire ».

Des critères spécifiques pour reconnaître l’existence de cette forme particulière d’intelligence au sein d’un groupe d’acteurs sont proposés à la discussion dans l’idée de baliser un curriculum de formation pour un nouveau métier : « écodiplomate », ou « animateur communautaire ».

Quatre axes peuvent être dégagés pour exprimer les dimensions d’une éducation par et pour le territoire ayant cette forme particulière d’intelligence : axes humaniste, politique, épistémologique et praxique.

Introduction

A l’occasion d’une recherche-formation-action sur le développement et la gestion concertée des espaces publics (recherche dénommée TOPOZYM), l’équipe des formateurs-chercheurs de l’Institut d’Eco-pédagogie (IEP) a pu approfondir les fondements de l’éducation relative à l’environnement autour de la question singulière de l’éducation relative au territoire.

Le projet de recherche-formation-action Topozym a été mené par l’Unité de Géographie Economique et Sociale de l’Université de Liège (UGES), l’Instituut voor Sociale en Economische Geografie de la Katholieke Universiteit Leuven (ISEG) et l’Institut d’Eco-pédagogie (IEP) entre janvier 2007 et janvier 2009. Le projet voulait contribuer à l’évolution des conceptions et des pratiques dans la gestion et l’usage des lieux et des espaces publics dans la perspective d’une « nouvelle gouvernance », où les citoyens jouent un rôle sans cesse croissant.

Le but de la recherche était de produire un tableau de bord au service des personnes qui sont des vecteurs de changement de comportements des acteurs de l’espace (animateurs territoriaux, secteur éducatif, agents de développement local,…), pour les aider à concevoir et/ou à évaluer des démarches participatives efficientes et cohérentes dans le cadre de la gouvernance territoriale des lieux et des espaces publics.

La méthodologie de recherche reposait notamment sur la sélection de cinq cas contrastés d’espaces publics, en milieu rural ou urbain, en Flandres et en Wallonie, pour lesquels on pouvait espérer une amélioration dans la façon dont ils sont gérés ou aménagés grâce à une formation des acteurs impliqués. C’est l’IEP qui était chargé de la conception et de l’encadrement des formations, basées sur des méthodes participatives de type collaboratif, privilégiant la co-formation au sein de chaque groupe d’acteurs constitué pour chaque étude de cas.

L’identification des compétences à développer dans ce contexte a donné lieu à une proposition de travail originale : se saisir du cadre théorique posé par Howard Gardner (1997) à propos des multiples formes de l’intelligence pour focaliser l’analyse autour de ce qui nous apparaissait comme une forme particulière d’intelligence, l’intelligence du territoire (ou intelligence territoriale). Cette intelligence territoriale a rapidement été appréhendée sous l’angle des compétences collectives d’un groupe d’acteurs, c’est pourquoi nous parlerons désormais d’intelligence commune du territoire.

La question « A quoi reconnaît-on un groupe d’acteurs qui a développé une intelligence commune du territoire ? » a été débattue régulièrement au sein du groupe interdisciplinaire des chercheurs associés, nourris par des lectures diverses.

La réflexion a été enrichie sur la question de la mobilisation des acteurs au cours d’un séminaire réunissant tous les participants aux groupes de travail des cinq études de cas, composés de citoyens, de fonctionnaires et d’experts dans des domaine très précis, ainsi que des membres du comité d’accompagnement de la recherche.

Un séminaire international réunissant une quarantaine de personnes impliquées à des degrés divers (scientifiques, bureaux d’étude, formateurs, animateurs socioculturels, fonctionnaires) dans des processus de participation citoyenne en matière d’espaces publics a permis d’approfondir la question des relations entre acteurs.

La discussion des résultats de la recherche au cours du colloque Habiter (La Rochelle, août 2010) a permis de valider les propositions et d’encore les élargir ; enfin, c’est à partir de ce concept en construction d’intelligence commune du territoire que l’Institut d’Eco-pédagogie a défini un curriculum de formation en animation territoriale qui a été expérimenté en 2009-2010, donnant aux chercheurs l’occasion d’encore préciser et nuancer les choses.

Dans cet article, nous commencerons par préciser quelles visions du territoire choisissons-nous et en quoi cela influence-t-il notre conception d’une éducation au territoire, en particulier si elle vise les espaces publics.

Ensuite, nous exposerons quelle vision de l’intelligence territoriale oriente notre recherche et quels critères et indicateurs nous proposons pour reconnaître un groupe qui a développé une intelligence commune du territoire.

Table des matières

  1. L’espace public : un territoire à adopter
  2. L’intelligence commune du territoire : une nouvelle forme d’intelligence ?
  3. Critères et indicateurs pour repérer une intelligence commune du territoire
  4. Développer une intelligence commune du territoire

Pour citer cet article : Partoune C., « Développer une intelligence commune du territoire », in « Ecocitoyenneté », répertoire d’outils créés par les formateurs de l’Institut d’Eco-Pédagogie (IEP), édité en décembre 2011
URL : https://ecotopie.be/publication/intelligence-commune-territoire/

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"Développer une intelligence commune du territoire", C. Partoune, revue Education relative à l’environnement, regards, recherches, réflexions, volume 10, 2011.

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